66.000 habitants. 530 mètres d'altitude. Ville patrimoine de l'humanité

Située sur une colline bordée par le Tage, son tracé urbain est resté pratiquement intact depuis le Moyen-Age; il est entouré de murailles et constitué par un dédale de rues étroites qui montent, descendent et se croisent en offrant à chaque pas ses monuments historiques et ses recoins mystérieux.

Histoire

La civilisation romaine, dont la domination commença à Toletum en l'an 192 avant J.C., laissa de considérables réalisations dans la ville, dont il reste quelques ruines dans les murailles.

Après avoir été conquise par le Wisigoth Léovigild en 554, Tolède fut nommée capitale de son royaume jusqu'à l'arrivée des musulmans qui s'emparèrent de la ville en 711.

La lutte des rois de Castille pour reprendre aux musulmans les territoires conquis dans la péninsule, mena Alphonse VI à la prise de Tolède en 1085; deux ans plus tard, il la choisit comme capitale au détriment de Léon.

A partir de cette date, trois communautés d'ethnie, de culture et de religion différentes, ont coexisté dans la ville du Tage : les chrétiens, les juifs et les musulmans. Cette cohabitation qui se prolongea jusqu'à la fin du Moyen-Age, laissera de nombreuses empreintes. C'est par l'expulsion des juifs d'Espagne par les Rois Catholiques en 1492, que commença le déclin politique et économique de la ville dont le point culminant fut, en 1561, le transfert de la Cour Royale à Madrid, sous le règne de Philippe II. Tolède ne sera plus qu'une capitale religieuse, siège du Primat des Espagnes.

L'atmosphère ancienne avec une touche orientale et quelque peu mystérieuse qui règne encore à l'heure actuelle à Tolède, attira le peintre El Greco au cours de la seconde moitié du XVIème siècle

La ballade

Parmi les neuf portes qui permettent de pénétrer dans Tolède, la plus utilisée est la Porta de Bisagra. Magnifique arc flanqué de deux grosses tours, elle fut construite en 1550 pour recevoir l'empereur Charles Quint dont elle porte l'écusson impérial; tout près, la Vieille Porte de Bisagra est une oeuvre mudéjar datant du IXème siècle.

Une fois la porte passée, on peut admirer l'église mudéjar de Santiago del Arrabal du XIIème siècle. En suivant la rue Real del Arrabal, on arrive à la Porte del Sol, également de style mudéjar. Juste avant cette porte, des escaliers nous amènent à la Mosquée de Cristo de la Luz; construite par les Arabes en l'an 1000, elle est un véritable joyau de l'architecture hispano-musulmane avec ses arcs et ses voutes de style califat. Du jardin attenant, on a une belle vue sur la ville.

En remontant la rue après la Puerta del Sol, on arrive sur la Place de Zocodover autrefois lieu de marché et de fête, aujourd'hui point de rendez-vous des touristes et des tolédans. Une cinquantaine de mètres en contrebas de la place, le Museo de Santa Cruz **, construit au début du XVIème siècle, est un bel ensemble plateresque. C'est un des musées provinciaux les plus complets d'Espagne; il comprend des sections d'Archéologie, de Beaux-Arts et d'Arts Décoratifs. On peut y admirer des toiles du Greco.

En remontant la "cuesta" de Charles-Quint, on arrive à l'Alcazar; palais et forteresse, qui se dresse avec ses quatre tours à l'endroit le plus haut de la ville et dont le Cid fut le premier gouverneur; bien que d'origine médiévale, sa configuration actuelle datant du XVIème siècle, est de style Renaissance. Bombardé en 1936, il a été reconstruit à l'identique et abrite un musée militaire

En descendant à nouveau vers la place de Zocodover, il faut suivre la rue del Comercio pour entrer ensuite dans le rue des Tornerias et visiter la Mosquée des Tornerias. De la fin du XIème siècle, cette mosquée renferme toute la magie des constructions musulmanes, avec ses fines colonnes et ses arcs en forme de fer à cheval. Le temple fut pendant plus de quatre siècles l'unique enceinte publique où les musulmans de Tolède pouvaient faire leurs dévotions; à partir du XVème siècle, cette mosquée remplit diverses fonctions. Aujourd'hui, elle abrite le Centre de Promotion de l'Artisanat de Castille-La Manche.

La rue des Tornerias débouche sur la Cathédrale ***. De style gothique, elle inclut des apports d'autres styles comme le mudéjar, le baroque et le néo-classique. Sa principale façade, orientée vers l'Ouest, et la porte des Leones, qui s'ouvre vers le sud, possèdent de magnifiques portails sculptés en pierre; la façade nord est précédée d'une grille mudéjar, tandis que la porte Llana est une construction massive et néoclassique, réalisée en 1800. A l'intérieur du temple, dont les cinq nefs sont éclairés par des vitraux multicolores, se succèdent les chapelles ornementales avec retables, peintures, sculptures et pièces d'orfèvrerie qui en font un authentique musée sacré. Le musée de la cathédrale, situé dans la sacristie et dans d'autres dépendances annexes, renferme des oeuvres de grands peintres (Goya, Vélasquez, Titien, Rubens Raphaël, El Greco, ...)

En sortant de la cathédrale, on se dirige vers la rue Taller del Moro. Le Musée Atelier du Moro est un bon exemple des palais construits aux XIIIème et XIVème siècles pour la noblesse tolédane, par les maçons musulmans qui utilisaient des matériaux très simples, mais qui déversaient dans les éléments décoratifs toute l'imagination orientale. Le musée est consacré à l'art mudéjar.

En se rendant au quartier juif par la place del Conde, on se trouve devant le palais de Fuensalida, siège de la présidence du gouvernement de Castille - La Manche, et devant l'Eglise de Santo Tomé, temple au tracé mudéjar construit au XIVème siècle.

En suivant la rue de San Juan de Dios et celle de Samuel Levi, en plein quartier juif, on arrive à la Maison-musée du Greco * dans laquelle une bonne collection de ses oeuvres est réunie.

De l'autre côté de la rue, se trouve la Synagogue du Transito **, financée au XIVème siècle par un riche juif tolédan, Samuel Levi, Grand Trésorier du roi Pierre I de Castille. Tolède étant considérée par les juifs sefardim comme leur seconde ville symbolique après Jérusalem, cette synagogue représente un important témoignage de ce que furent l'architecture et l'art des juifs péninsulaires, en fait une synthèse des influences de l'art islamique, du gothique et du mudéjar. Les arcs des murs latéraux sont d'une grande beauté, ainsi que les jalousies au travers desquelles s'infiltre la lumière, en créant une ambiance extraordinaire de recueillement.

Ne manquez pas la vue sur le Tage et les collines avoisinantes depuis les jardins qui se trouvent en face de la synagogue.

En prenant la rue des Reyes Catolicos, on découvre la Synagogue de Santa Maria la Blanca * dont l'extérieur tout à fait simple contraste avec la richesse des éléments décoratifs de l'intérieur : cinq lumineuses nefs blanches, séparées par des arcs en forme de fer à cheval, des chapiteaux et des murs ornés à profusion, ainsi que de grandes fenêtres d'un travail ornemental très fin.

Après une petite promenade en suivant la rue de San Juan de los Reyes, on se trouve en face du Monastère San Juan de los Reyes *. Cette oeuvre colossale - le plus grand édifice de Tolède après la cathédrale - présente tout un échantillon de l'architecture gothique tardive, appelée "isabelina".

De retour vers la Porta de Bisagra, ne pas manquer de faire une halte à l'Eglise San Roman *. Cette église mudéjar du XIIIème siècle abrite un musée des conciles de Tolède et de la culture wisigothique.

Infos pratiques

Carte de Tolède au format PDF (500 Ko)