Circuit au Yémen du 17 nov au 4 déc 2006
Une carte du Yémen (1280x1076, 400 ko) |
La province de l'Hadramaout
L’Hadramaout est la région située entre l'océan Indien au sud et le désert du Rub'al-Khâli au nord. Depuis le Moyen Age "Hadramaout" désigne également la vallée qui entaille le plateau calcaire sur 150 km d'ouest en est, lit d'un ancien fleuve desséché, large de quelques kilomètres.
L’Hadramaout fut une des grandes voies de passage des caravanes, chargées de soie, d'épices et d'encens, en provenance de Chine, de l’Insulinde, de l’Inde et des confins orientaux du Yémen, en route vers La Mecque et la Méditerranée.
Riche en nappes phréatiques et en pétrole, l’Hadramaout est peuplée d'environ un million d’habitants qui vivent de l'agriculture, du commerce et des revenus de l'émigration.
Shibam
7000 habitants.
À la bordure sud du désert du Rub'al-Khali, Shibam - la Manhattan du désert, classée en 1984 Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO - se situe sur le parcours caravanier de l'ancienne Route de l'encens. Elevée sur un tertre de la vallée de l’Hadramaout pour mieux se protéger des eaux, elle est à la confluence de plusieurs wadis. Entourée sur trois côtés d'une palmeraie, Shibam est une véritable oasis. La ville, longue de 380m et large de 250m, a gardé son aspect originel, aucune construction moderne n'est venue agrandir la cité.
Surgies du désert, 500 maisons de terre crue, couronnées de blanc, s'élargissent vers la base elle-même recouverte du même enduit blanc imperméable. Les plus hautes mesurent 30 mètres sur la rue et 40 sur la wadi, elles possèdent de 5 à 7 étages; l’épaisseur des murs varient suivant la hauteur, passant de 1m à la base de la maison à 30cm au sommet. Moucharabiehs et portes de bois quelquefois très vieilles (XIIe) ornent ces façades, de cinq à neuf étages, étroites et fermées. L'ensemble architectural, qui remonte pour l'essentiel au XVIe, possède cinq mosquées dont l'une remonte au VIIIe.
Le quartier du souk (sud) est le quartier populaire de Shibam tandis qu’au nord résident les privilégiés. Le mur d’enceinte ne possède qu’une seule porte à 2 entrées : une pour les hommes et les animaux, l’autre pour les femmes.
Vue extraordinaire sur la ville et le wadi depuis la colline sud, surtout au coucher du soleil. Belle perspective aussi du fond du wadi, quelques centaines de mètres à l’ouest de la ville.
Seyoun
60.000 habitants. 600 km de Sana'a par le désert. 20 km de Shibam. 320 km d'Al Mukalla.
Chef-lieu administratif et touristique de l'Hadramaout, Seyoun était autrefois la capitale du sultanat kathiride. La ville est connue pour son importante palmeraie (qui lui vaut son surnom de « ville au million de palmiers ») et pour son imposant palais des sultans de style indien transformé en musée archéologique et ethnographique. Son souk est le mieux achalandé de la région.
La vieille ville est caractéristique de l'Hadramaout : maisons de briques de terre avec des armatures en bois. Entre la place du Palais et la vieille ville, on remarquera une superbe mosquée aux murs blancs et au toit vert, caractéristique des mosquées de l'Hadramaout (couleurs pastels sur en duit de chaux). Dans son petit souk, se vendent graines et épices introuvables dans le reste du pays, et très appréciées des yéménites.
Tarim
50.000 habitants. 30 km de Seyoun.
A partir du Xe siècle, Tarim devint un centre intellectuel et islamique de renommée internationale. Les chroniqueurs arabes racontent que la ville comptait 365 mosquées et autant d'universités. Aujourd'hui, avec innombrables mosquées et ses 25 palais d'inspiration indonésienne, Tarim est une halte royale de l'Hadramaout. Elle est, d'un côté, surplombée par de grandes falaises rocheuses et, de l'autre, entourée de palmeraies. La mosquée Al-Midhar di XIXe siècle possède le plus haut minaret du Yémen (60 m).
Wadi Do'an
Adjacent au wadi Hadramaout et long de 140 km, le wadi Do'an est une succession de hautes falaises ponctuée d’oasis verdoyants. Une douzaines de villages aux hautes maisons en pisé s’accrochent aux flanc escarpés du canyon. Il est célèbre pour ses magnifiques maison/palais et pour sa production de miel considéré comme le meilleur du monde. Dans le wadi pousse le célèbre arbre à encens, petit arbuste touffu.
Al Hajjarein, premier village du Wadi Dohan, est perché
sur un promontoire rocheux qui domine l’entrée de la vallée.
Carnet de voyage
29/11
Petit-déjeuner sur la terrasse de l'hôtel et départ à
8h pour l'Hadramaout. On quitte l'Océan pour grimper 1500m plus haut
sur un plateau désolé de sable et de cailloux, la route n'en finit
pas de serpenter entre les wadis qui creusent le plateau de Jol. Nous faisons
une courte halte aux sources du Wadi Do'An. Vers midi, nous
descendons par une brêche dans le Wadi Do'An, 300m plus bas, qui "s'écoule"
vers le nord pour se jeter dans le wadi Hadramaout. La vue est époustouflante
: tout au long du wadi, des villages sont accrochés à la falaise;
certaines maisons ont la couleur de la roche et se confondent dans le paysage,
d'autres ont de beaux murs blancs passés à la chaux, quelques
unes sont décorées de motifs multicolores : graphismes, couleurs,
jeux d'ombre et de lumière sur les façades, portes en bois finement
sculptées, fenêtres ajourée et fermées par des rideaux
de bambous, ... Dans les oasis qui bordent les villages sont cultivés
des champs divisés en petites parcelles; outre les palmiers, on trouve
les jujubiers et les acacias que butinent les abeilles, ainsi que des arbres
à henné. Ces tâches de verdure et de fraicheur contrastent
avec le paysage ocre et rocailleux. Nous croisons quelques paysannes qui portent
le paille de paille conique et gardent leurs troupeaux. 13h30, nous arrivons
à Sif pour déjeuner et nous installer au funduk
de Raybun; confort spartiate : en guise de chambre, une grande
salle et une dizaine de matelas posés sur le sol, un chiotte turc qui
infeste et le haut-parleur de la mosquée juste devant la fenêtre
de la chambre. Après une courte sieste, nous partins sillonner le wadi
à la découverte d'autres villages. Nous dinons dans une petite
gargotte et la discussion est vive avec nos amis yéménites lorsque
nous abordons le thème de la condition féminine.
30/11
Dès le soleil levé, je pars me promener dans les ruelles du village
pour faire des photos; j'ai la tête qui tourne à force de mitrailler,
des portes multicolores en fer, d'autres en bois sculpté, des fenêtres
de toutes les formes et de toutes les tailles, des sublimes jeux d'ombre et
de lumière au lever de soleil, je suis vraiment au pays des Mille et
Une Nuits. Après le petit-déjauner, nous faisons une première
halte sur un chantier de fabrication de briques en pisé : argile, paille
et eau sont pétries à la main, découpées dans des
moules en bois de 50x50cm et mises à sécher au soleil. Une fois
prêtes, elles seront posées les unes sur les autres pour ériger
des murs de 50cm d'épaisseur, parfaits pour réguler la chaleur.
Nous passons le reste de la matinée à Al-Hajjarein,
accroché à la montagne et dont les maisons défient l'équilibre.
Seuls les ânes sont utilisés pour se déplacer dans les ruelles
escarpées et poussiéreuses de la ville. Dans un passé proche,
des touristes "imbéciles" on distribuer stylos et autres babioles,
aujourd'hui les enfants que nous croisons ont remplacé le mot "salam"
(bonjour) par "kalame" (crayon). Par pitié, touriste ! si tu
emmènes des crayons et des cahiers avec toi, laisses tout à un
maître d'école; tu permettras ainsi à ceux qui te suivent
d'être accueillis avec des sourires plutôt qu'avec des grimaces.
Nous déjeunons rapidement au carrefour de la route menant au désert
et que nous emprunterons dans deux jours. L'arrivée à Shibam reste
une surprise même après avoir vu le reportage d'Ushuaia à
la télé. Shibam est située sur une colline
haute de 30m au milieu du Wadi Hadramaout : vu de l’extérieur
c’est un émerveillement, les 500 immeubles de pisé sont
blottis les uns contre les autres, chacun d’eux est occupé par
trois familles, une kyrielle d’enfants jouent au foot dans les ruelles
très poussiéreuses et dans le wadi. Nous faisons provision de
miel, réputé le meilleur au monde (pas convaincu !) puis nous
grimpons au-dessus des nouveaux quartiers de Shibam de l’autre côté
du wadi pour assister au coucher du soleil sur la vieille ville : lumière
formidable qui réchauffe l’argile des grands murs, moment magique,
inoubliable !
Sur la route qui mène à Seyun, nous faisons halte pour deux nuits
à l’hôtel BMC. Nous étions habitués jusque
là à un confort sommaire, nous terminons notre périple
dans un cadre luxueux. Arrivés couvert de poussière, nous passons
très vite sous la douche avant d’aller nous baigner dans la piscine
olympique de l’hôtel, il fait déjà nuit, la pleine
lune éclaire le ciel au-dessus de nous; les étoiles brillent et
nos yeux aussi. La fin du voyage approche et nous vivons cet instant avec beaucoup
d’émotion. Aujourd’hui nos chauffeurs n’ont pas qaté
et sont d’humeur joviale; après le diner pris en commun, nous poursuivons
par une séance de photos et de longues discussions sur les traditions
yéménites; la religion étant un thème récurrent
de discussion.
1/12
Au programme de la journée, la visite des villes de Tarim et Seyun à
quelques dizaines de km à l'est de Shibam. Courte halte au mausolée
d'Ahmad Ibn Isa, initiateur du sunnisme chaféite : comme dans toutes
les mosquées, il est interdit d’y pénétrer : encore
un bel exemple de tolérance religieuse ! La route sillonne le wadi Hadramaout
qui fait près de 3km de large à cet endroit : par moment, la vue
des palmeraies sur fond de montagne nous transporte dans la vallée du
Nil des environs de Thèbes. Tarim, centre culturel et
religieux de l’Hadramaout, compte de nombreux palais d’influence
indonésienne qui ont été construits au 19e par de riches
négociants ayant fait fortune dans le sud-est asiatique. Nous visitons
le palais de la famille Al-Kaf, la chaleur est étouffante : 35° avec
un taux d’humidité important. Ballades dans les ruelles, nous sommes
vendredi, jour de la grande prière; photo de la mosquée Al-Midhar
qui possède un des plus hauts minarets du Yémen (60m); je suis
abordé par un jeune éthiopien venu étudier l’islam
à la faculté de Tarim, il est curiuux de savoir ce que je pense
du Yémen, de ses habitants et de l’islam : choc des cultures lorsque
nous abordons le thème de la religion, la différence d’approche
qui nous sépare est immense. Tarim est le fief des Sayyid, l'aristocratie
religieuse.
Sur la route de retour nous faisons halte à Seyoun,
capitale administrative de l’Hadramaout, dominée par l’imposant
palais-musée de la famille Khatiri construit au 19e dans le genre anglo-indien.
Sortie de la grande mosquée : des centaines d’hommes se dispersent
dans les rues de la ville qui était quasi déserte quelques minutes
auparavant. Déjeuner rapide dans une gargote du centre sous les ventilateurs
et dans l’ambiance sonore habituelle. Dès le repas terminé
nos chauffeurs partent en quête de qat, de 14h à 16h30 la vie s’arrête,
c'est l’heure du qat; le qat ne pousse pas dans l'Hadramaout car il y
fait trop chaud (l'arbre à qat mesure près de 4m de haut, il a
la forme d'un peuplier, il a une durée de vie de 30 ans et ne pousse
qu'entre 1500m et 2700m d'altitude), il arrive de Rada ou de plus loin encore
par relais, il coûte le double de son prix normal et, aux dires de nos
compagnons yéménites, est de médiocre qualité. Nous
en profitons pour prendre un bain dans la piscine de l'hôtel et faire
une sieste. Nous repartons pour le souk de Seyun en fin d'après-midi,
malheureusement nous sommes vendredi et tout est fermé, nous revenons
à l’hôtel pour un dîner un peu morose : préparatifs
de départ et conducteurs un peu anesthésiés par le qat.
La nuit sera courte : lever 3h pour un départ à 4h ; 9h de traversée
du désert devant nous.